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A l’heure où la direction de la SNCF communique sur les coûts salariaux trop élevés et la productivité trop faible, quelle est la vérité?
Selon la Direction de la SNCF, l’austérité ne nécessite qu’une bonne communication pour faire avaler des idées fausses au plus grand nombre. Après la stigmatisation des cheminots-es « privilégiés » car ils peuvent utiliser le moyen de transport qu’ils font vivre au quotidien, la Direction de la SNCF veut aller plus loin en abaissant les revenus des salariés-es et la masse salariale, en s’appuyant sur de nombreuses omissions ou contre-vérités.
La direction de la SNCF se lamente
de rémunérer le travail !
La direction souligne dans un document interne que «la flexibilité apportée par les CDD, intérim et heures supplémentaires est moins utilisée par SNCF que par les entreprises du secteur des transports». Nous sommes ainsi prévenus : la direction va continuer et accentuer le recours aux CDD, Intérimaires
Elle n’a qu’un leitmotiv : il faut résister au dumping social européen, et pour cela, elle propose comme solution de le pratiquer elle-même! Décomplexés par la politique nationale et européenne, nos patrons lancent un chantier d’austérité sans ambigüité : abaissement du coût du travail, par le recours aux conditions sociales en vigueur dans certains pays européens ! Tout est remis en cause à l’inverse d’un modèle solidaire : suivi social, déclarations sociales, travail clandestin, exploitation, etc. Bien entendu, ni la SNCF ni aucune entreprise légalement installée en France ne peut s’aligner face au moins-disant social pratiqué en Europe. Pourtant, si l’on compare le salaire moyen à la SNCF avec celui du secteur industriel français, ou des grosses entreprises nationales de «services en réseau» (production et distribution de gaz/électricité et Télécom), alors on s’aperçoit que les cheminots coûtent moins cher! |
La masse salariale, que la direction veut toujours réduire, est choisie par celle-ci comme seule variable d’ajustement : il y aura davantage d’embauches de contractuels et moins de statutaires, plus d’intérim et de CDD, etc. De même, l’organisation du travail se durcit à la SNCF. Loin de rattraper l’inflation (de 2003 à 2013 l’inflation a été de 16,6% l’augmentation des salaires de 11,8%), la direction de la SNCF a multiplié les éléments variables de solde (EVS), le travail de nuit, les déplacements entre régions pour couvrir les besoins en effectifs et les carences de plus en plus nombreuses. Cette politique coûte cher et traduit une volonté de diviser les cheminot- es. SUD-Rail l’a dénoncé à l’occasion de son refus de signer l’accord salarial de 2014, lequel une fois de plus accentue la paupérisation des plus bas revenus en incitant les agents à recourir aux EVS dont ils n’ont ni le choix ni le contrôle et dont ils perdent le bénéfice en cas de maladie |
Les choix de gestions de la direction de la SNCF consistent en :
précarité, contrats hors statut, CDD, EVS, inégalités entre métiers
L’organisation du travail a fortement changé à la SNCF. La Direction a fait le choix d’augmenter le travail de nuit, d’élargir les zones d’intervention des agents, sources de multiplication des déplacements, ceci pour couvrir le manque d’effectifs et ses carences de gestion prévisionnelle. Cette politique génère une augmentation des EVS (éléments variables de solde) et une forte inégalité entre les cheminot-es. La direction voudrait le beurre et l’argent du beurre. Elle n’embauche pas sur place, fait travailler de nuit et se livre à un calcul d’apothicaire lorsqu’il faut régler les d’indemnités de déplacement ou les primes de nuit La réalité vécue est celle d’une politique d’embauche minimale, du désengagement du service public ferroviaire dans des territoires fortement touchés par le sous-emploi, dans les zones rurales et semi-rurales. L’abandon de l’indicateur de production beaucoup plus pertinent (même s’il était imparfait) qui existait depuis 1985, à savoir les Unités-kilomètres équivalentes de trafic ou UKE, dénote une déliquescence de la réflexion économique à la direction de la SNCF bien pratique pour qu’elle affirme ce qu’elle veut quant à la productivité des cheminot-e-s en additionnant les VK et les TK comme des choux avec des carottes! |
Confortée par une loi ferroviaire qui introduit la concurrence et prépare à une privatisation qui se met déjà en œuvre par la multiplication des filiales de la SNCF, la direction affirme qu’elle doit introduire plus de « souplesse » (pour éviter de dire « précarité ») au travers des CDD, contrats d’intérim, etc. Même si les choix de la direction aboutissent à un sous-effectif chronique, il lui suffira de continuer à communiquer publiquement sur des embauches sans en préciser les conditions, qui paraîtront importantes dans les médias, mais qui ne feront que |
L’association Gouvernement/Médias/Direction « SNCF »- a dupé
l’opinion publique sur la réalité de la loi ferroviaire
La loi ferroviaire, votée le 4 aout 2014, ne règle en rien le problème de la dette ferroviaire de 44 milliards d’euros ! SUD-Rail constate que ce sont les cheminot-e-s et les usagers qui vont devoir payer la facture et subir l’abandon de nombreux services avec l’augmentation des prix du train, les suppressions de lignes ferroviaires et fermetures de gares, le développement du transport en commun par autocar, plus nuisant pour l’environnement (pollution locale et effet de serre), la précarité sociale, etc |
La direction oublie volontairement d’indiquer que de 2003 à 2013, le coût du facteur « travail » (passé de 52% à 47% des charges d’exploitation de l’EPIC SNCF) a plus diminué que le coût des autres facteurs de production, parce que cela contredirait ses larmoiements et son discours unilatéral selon lequel c’est le personnel qui coûte toujours trop cher
L’augmentation des salaires de 11,8% entre 2003 et 2013, dont viendrait tout le mal selon la direction, Il paraîtrait pourtant bien faible si on la comparait à l’augmentation des péages de la SNCF à RFF sur la même période : +50% en euros constants !
Ce sera pire demain avec les péages à verser à l’EPIC SNCF-Réseau, puisqu’ils devront couvrir les coûts complets de gestion de l’infrastructure et donc quasiment doubler ! Les « éléments de langage » diffusés par la direction de la SNCF font volontairement l’impasse sur l’abandon prochain des trains «Intercités» qui seront remplacés par des autocars, tout cela sur fond d’une rhétorique bien rodée qui vise à stigmatiser les salarié-es et à leur faire porter la responsabilité des choix néo-libéraux du Gouvernement. |