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A propos des Assises du ferroviaire…
Les « Assises du ferroviaire » lancées en septembre, se sont terminées le 15 décembre, sans surprises : des préconisations en faveur de la privatisation partielle du chemin de fer (sous le terme «ouverture à la concurrence») une attaque en règle contre le statut social des cheminots et cheminotes une absence de réponse à la question du financement du système, amenant à un schéma de réduction de l'offre ferroviaire pour les voyageurs une critique forte du système actuel de gestion de l'infrastructure et une préconisation de rapprochement entre Réseau Ferré de France, Direction de la Circulation Ferroviaire et SNCF Infra, au sein d'une entité commune.
Les Assises proposent une réintégration du gestionnaire d'infrastructure au sein d'un groupe SNCF, pivot du système ferroviaire. Les arguments sont ceux que SUD-Rail a développés depuis 1997 pour combattre la création de RFF et la désintégration consécutive du système ferroviaire. |
SUD-Rail s’oppose à une holding capitalistique où les branches seraient des Sociétés Anonymes, organisant la privatisation et la disparition du Statut des cheminot-e-s.
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Les préconisations des Assises penchent en faveur d'une réintégration du gestionnaire d'infrastruc-ture au sein d'un groupe SNCF, pivot du système ferroviaire. C'est la position défendue depuis peu par la direction SNCF. |
Nous prenons acte avec intérêt de l'évolution récente de la direction de la SNCF, mais nous avons beaucoup d'interrogations et de critiques. |
La persistance d’un choix idéologique en faveur de la privatisation
Malgré l'échec économique et social de la concurrence privée dans le fret ferroviaire, les Assises prônent encore et toujours l'ouverture aux intérêts privés. Ces derniers semblent pourtant peu intéressés, vu la faiblesse des marges dans le transport : ainsi, Veolia vient de décider de vendre l'intégralité de sa branche « transports de voyageurs », 6 mois après l’avoir fusionnée avec Transdev. Depuis plusieurs mois l’« ouverture à la concurrence » était fallacieusement présentée comme une réponse aux besoins des Conseils régionaux, mais ceux-ci ne sont pas demandeurs. Alors, les privatisateurs nous disent désormais qu’il faut commencer par les Trains d’Equilibre du Territoire, dont l’Autorité Organisatrice est l’Etat ! Cette orientation en faveur du privé est totalement idéologique. SUD-Rail la combat avec force ! Les enjeux écologiques et sociaux exigent un rééquilibrage planifié entre modes de transport en faveur, entre autres, du rail, ce qui nécessite de disposer d'un grand service public.
Les Assises s’attaquent au Statut des cheminot-e-s pour faciliter la concurrence privée
L'attaque contre le Statut des cheminot-e-s est directement liée à la volonté de faciliter l'arrivée de la concurrence privée. Entre une direction SNCF qui veut transformer l'établissement public en une myriade de sociétés anonymes et les intérêts privés, il y a convergence pour mettre à mort le Statut et le remplacer par une convention collective de droit privé et des garanties sociales au rabais. SUD-Rail qui revendique, depuis sa création, un Statut unique pour tous les travailleurs/ses du rail, construit à partir des acquis du Statut des cheminot-e-s, ne laissera pas faire! La défense, l’amélioration et l’application à tous du Statut vont dans le sens du progrès social ; ils correspondent aussi à un impérieux besoin en matière de sécurité ferroviaire
Les moyens financiers existent
Les Assises reconnaissent qu'il manque 1 à 1,5 milliards d'euros par an pour financer le système ferroviaire, mais leur proposition consiste à réduire le nombre de trains et à augmenter les tarifs ! Il existe pourtant des solutions.
Le retour à un système unifié permettrait d'économiser d'importants coûts de transaction (essentiellement entre la SNCF et RFF), estimés à environ 1 milliard d'euros par an par les dirigeants des chemins de fer allemands, qui ne sont pourtant pas des « irresponsables » au sens de la pensée dominante ! La mise en place d'une politique multimodale des transports, fondée sur l'intérêt général, permettrait de réorienter les flux financiers existants déjà dans le secteur du transport. Rappelons, par exemple, les faramineux bénéfices des sociétés d'autoroute, bradées au privé en 2005, qui constituent une rente d'environ 2 milliards d'euros chaque année pour les grands groupes privés contrôlant aujourd'hui le secteur autoroutier. Évoquons aussi les mises en place, toujours renvoyées aux calendes, d’une « écotaxe poids lourd » (qui rapporte près de 4 milliards d’euros par an en Allemagne pour financer la politique des transports) et d’une taxe « carbone » qui serait favorable au rail….
Le budget SNCF 2012 présenté au ministère début décembre, sera soumis au Comité Central d’Entreprise et au Conseil d’Administration de la SNCF cette semaine.
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L’avenir du service public ferroviaire, de son organisation et du statut social des travailleurs concernés se joue sans doute dans les prochains mois. Nous avons des propositions concrètes pour sortir par le haut de la crise actuelle.
Mais nous ne sommes pas naïfs : les propositions seules sont insuffisantes. Il est nécessaire de construire un rapport de forces dans l'unité la plus large.